Tuesday 10 October 2017

Taisez-vous et dansez


Traduit par André Valiquette
Lire le texte original en anglais ici

Je l’ai déjà dit et je le répète : pas d’enseignement sur la piste de danse.

Je suis très ferme sur cette question, ceux qui me connaissent ou qui ont lu mon blogue à ce sujet le savent bien. Les gens vont à une milonga pour danser et avoir du plaisir. Les meilleurs tangos sont ceux pendant lesquels vous pénétrez cette zone d'ici et maintenant où vous pouvez abandonner vos pensées et entrer dans un état presque méditatif. Un état qu’il n’est pas possible d’atteindre si votre partenaire vous dit constamment quoi faire – ce que personne n’apprécie, mais alors pourquoi des gens continuent à le faire?

L’été dernier, j’ai été témoin d’un comportement de « prof » qui dépassait les bornes, j’ai en fin décidé de rendre service aux femmes et je m’en suis mêlée. Mais je suppose qu’aucune bonne action ne reste impunie et la situation a évolué de mal en pis. Nous étions dans une milonga en plein air que mon école organise, et un danseur reconnu pour son incompétence en danse autant que pour sa propension à constamment donner des conseils en dansant (c’est drôle comme ces deux phénomènes se côtoient souvent) était donc en train de faire ce qu’il fait le mieux, encore et encore.

Difficile à supporter

Je l’ai d’abord vu danser avec une de mes étudiantes débutantes que j’aime bien, qui travaille sérieusement et suit bien, et j’ai d’abord eu envie de rentrer sous terre quand je l’ai vu lui donner des conseils sans discontinuer pendant toute une tanda. Par la suite, il a invité quelqu’un d’autre qui était en train de se remettre progressivement au tango après s’être blessée, et il l’a complètement accaparée en l’abreuvant de conseils et d’instructions pendant un bon cinq minutes AVANT MÊME DE COMMENCER À DANSER. C’était pénible à voir – tellement qu’une autre femme lui faisait des signes pour qu’elle ne danse pas avec lui – et au bout du compte elle s’en est abstenue, tant mieux pour elle.

Quelques tandas plus tard, j’étais sur le plancher de danse et j’ai vu une femme s’éloigner de lui pendant qu’il lui lançait à la tête quelque chose du genre : « Bon, ben, si tu ne veux pas apprendre, vas-y t'asseoir! »
C’est exactement ce qu’elle fit, mais là je me suis sentie concernée.
J’ai décidé – étant connue pour être trop bonne, trop douce, trop gentille – qu’il était plus que temps de mettre mon pied à terre et que j’aie une conversation avec cet homme qui me hérissait – et je ne suis pas la seule – à chaque fois qu’il mettait le pied dans une milonga.
Alors, j’ai attendu qu’il soit seul, je l’ai abordé en souriant, l’ai salué et l’ai entraîné discrètement à l’écart là où personne ne pouvait nous entendre. Aussi gentiment et diplomatiquement que possible, je lui ai dit qu’il était bien libre de faire ce qu’il voulait, mais que j’avais reçu plusieurs commentaires des femmes qu’il avait corrigées en dansant et que peut-être il pouvait danser un peu plus et parler un peu moins.
Sa réponse : « Si les femmes ne veulent pas danser avec moi, elles ne sont pas obligées », à quoi il a ajouté ce brillant commentaire : « Si elles ne veulent pas apprendre, elles n’ont pas besoin de danser avec moi ».
Ce à quoi j’ai répondu : « Mais tu n’es pas prof ».
Et sa réponse : «  Je n’ai pas besoin d’être prof pour enseigner ».
Très bien. Je lui ai dit que je n’étais pas d’accord, mais que c’était une conversation à reprendre à un autre moment. Ensuite, j’ai ajouté que, étant prof, je pourrais lui enseigner en dansant, mais que je ne le ferais pas parce que ça ne se fait pas.

De mal en pis

Et là, il a dérapé. Il m’a dit qu’il pourrait m’enseigner plein de choses parce que je suis complètement nulle comme danseuse, que je guide mal, que je ne suis pas la musique, etc. Me rendant compte que la conversation se détériorait rapidement, je lui ai dit « OK » et je me suis éloignée.

Bien sûr, étant donné qu’il est une personne qui veut toujours avoir le dernier mot, il m’a suivie et a continué sa tirade, à laquelle j’ai répondu : « Je ne t’ai pas insulté et tu n’as pas à le faire non plus. On arrête la conversation ici ».

Évidemment, cette personne n'est plus la bienvenue dans mes milongas et ces événements ne s’en porteront que mieux.

Vous savez, c’est seulement un exemple extrême d’une attitude bien répandue. N’est-ce pas ironique que les danseurs qui jouent au prof soient souvent les moins bons sur la piste de danse, et que ceux qui dispensent des conseils non sollicités soient souvent les mêmes qui ont de la difficulté à en accepter pour eux-mêmes?

Vous n’êtes pas une exception

Ce qui est arrivé a dépassé la mesure, mais c’est une occasion de rappeler à tous les danseurs : SVP, ne jouez pas au prof avec vos partenaires!

Il y a des gens qui vont lire ce billet et penser qu’ils sont une exception. Qu’ils ont vraiment des choses importantes à enseigner à ces pauvres petit(e)s débutant(e)s vu que bla-bla-bla. Mais si c’est ce que vous pensez, je dois vous rappeler que vous n’êtes PAS une exception. Et je n’en suis pas une non plus. Je suis une professeure, mais je n’enseigne pas pendant une milonga parce que ce n’est pas pour ça qu’elles sont faites! Et sans tenir compte de l’expérience que vous avez, vous n’êtes pas là pour corriger vos partenaires ou pour être corrigé-e vous-mêmes. Si les gens veulent des corrections, ils vont prendre des leçons et recevoir des conseils et des instructions de vrais professeurs qui ont les compétences et l’expérience pour étayer ce qu’ils disent et ce, dans un cadre approprié. Ce n’est pas parce que vous avez plus d’expérience que quelqu’un d’autre que cela fait de vous un meilleur danseur et cela ne peut certainement pas vous qualifier pour enseigner. Mieux, si vous êtes celui qui a le plus d’expérience, vous devriez être celui qui s’adapte au niveau de sa partenaire.

Pour la bonne entente et le plaisir de tous ceux qui participent, la prochaine fois qu’une danse ne se passera pas comme vous l’auriez souhaité, pensez-y bien et demandez-vous s’il y a quelque chose que VOUS pourriez faire pour rendre les choses plus faciles pour votre partenaire.

Et finalement, faites silence, profitez de ce moment et dansez.

Friday 13 January 2017

Les classes, les milongas et les prácticas

Nous allons aux milongas pour danser et avoir du plaisir, pas pour pratiquer la dernière figure à la mode
que nous ne maîtrisons pas encore.

Traduit par André Valiquette
Lire la version originale en anglais ici. 

Les cours de groupe, les leçons privées, les prácticas et les milongas. Il y a plusieurs voies que vous pouvez emprunter pour arriver à maîtriser le tango. Toutes vous offrent une démarche d’apprentissage et, éventuellement, vous tenterez chacune de ces expériences lors de votre cheminement. Je vous présente ici un condensé de leurs avantages et désavantages respectifs afin de vous donner une bonne idée de ce que vous pourrez en retirer.

Les cours de groupe

Ils sont donnés à une cohorte d’étudiants à la fois. La grande majorité des étudiants de tango commencent avec ce type de cours et c’est une bonne façon de se lancer. Le tango argentin est surtout une danse sociale qui se prête bien à un apprentissage partagé. Les gens qui apprennent à un rythme modéré, c’est-à-dire ni vraiment plus vite ni plus lentement que la moyenne du groupe, s’intègrent généralement bien dans ces classes.

Dans la catégorie des cours de groupe, il y a plusieurs options. Les voici, divisées en plusieurs sous-catégories : 

Cours réguliers à une école de votre localité


Les studios de votre région offrent habituellement une progression par niveaux organisés en sessions étalées sur un certain nombre de semaines. Des mouvements et des séquences sont présentés, en partant des fondements, et les aspects techniques tels que la marche, la posture et la musicalité sont abordés dans les grandes lignes.

Chaque école qui a passé l’épreuve du temps offre normalement des cours de bonne qualité. Les écoles de tango ne sont pas là pour faire de gros profits (croyez-moi!), c’est dire que vos professeurs sont vraiment passionnés par le tango et son enseignement. S’ils persistent plus d’une couple d’années, c’est parce qu’ils adorent ce qu’ils font et savent ce qu’ils font.

Les écoles de tango orientent normalement leurs étudiants vers des cours de différents niveaux qui peuvent être désignés comme « Débutant, Intermédiaire, Avancé... », « Tango 1, 2, 3, 4... » ou par des appellations similaires. L’apprentissage par niveaux est utilisé largement, car, avant tout, il fonctionne bien et permet à beaucoup de gens de se familiariser avec les habiletés de base pour aller plus loin et commencer à danser le tango.

Mais cette formule n’est pas sans failles. Elle réunit forcément des gens de différentes capacités et, alors que plusieurs étudiants passent brillamment d’un niveau à l’autre, certains n’y arrivent que de justesse.

Comme c’est souvent le cas pour l’enseignement de groupe, les professeurs s’adressent avant tout à l’étudiant moyen, qui sont les premiers bénéficiaires de ces cours. Ceux qui peinent à suivre ou, au contraire, pigent tout de suite, peuvent être laissés pour compte dans ces situations.

La progression par niveaux peut donner l’impression à des gens qu’ils ont échoué, par exemple, si le professeur suggère de recommencer une séquence de cours avant d’aller plus loin. C’est dommage, car le tango est un apprentissage, pas un examen éliminatoire; alors, pourquoi aller plus loin si vous ne maîtrisez pas encore ce sur quoi vous travaillez? Ce système peut aussi laisser croire à certaines personnes qu’elles ont davantage appris que ce qu’elles ont vraiment assimilé, dans le cas d’étudiants qui ont passé de justesse à travers cinq niveaux et pensent qu’il leur reste peu à apprendre. En tango, compléter les niveaux de base est le début de l’apprentissage, non sa conclusion.

Pour ceux qui sont vraiment en avance, ils peuvent être négligés dans les grands groupes qui comportent beaucoup d’étudiants qui ont besoin ou demandent de l’assistance. Plusieurs étudiants peuvent aussi s’ennuyer si, par exemple, ils apprennent et mémorisent des séquences facilement. N’oubliez pas, pourtant, qu’il est possible de travailler intensément sur des éléments très simples si vous vous concentrez sur la technique ou la musicalité. Vous pouvez aussi poser aux professeurs des questions pointues sur votre technique, en vous assurant qu’ils vous ont à l’œil pour vous corriger. Comme dans bien des domaines, vous retirez quelque chose dans la mesure où vous y avez investi de vous-même.

Essayez de ne pas surestimer votre propre niveau lorsque vous choisissez un cours. À moins que vous ne soyez exceptionnellement talentueux – et peu d’entre nous le sont – il est préférable que vous suiviez un cours qui se situe légèrement en bas de votre niveau plutôt que légèrement au-dessus. Si vous pouvez facilement maîtriser les pas qui sont enseignés, vous serez capable de mettre l’accent sur votre énergie et l’amélioration de votre technique. De plus, suivre des cours qui sont au-dessus de votre niveau peut vous sembler amusant, mais ce l’est moins pour les autres participants du groupe lorsqu’ils pratiquent avec vous ou quand les professeurs ralentissent la leçon pour que vous puissiez suivre.

Pour : une façon amusante et abordable d’apprendre les mouvements et techniques incontournables. Les personnes qui apprennent à un rythme moyen sont à l’aise dans ces groupes-cours.
Contre : dans les grands groupes, vous pouvez recevoir moins d’attention. Certains étudiants peuvent se sentir largués dans ces groupes. Si vous vous inscrivez seul, vous n’avez pas beaucoup de contrôle sur le choix de votre partenaire.


Les classes ouvertes ou à la carte

Les leçons à la pièce proposent une méthode facile pour ajouter un ou deux pas nouveaux à votre répertoire s’il vous paraît prendre de l’âge.

Elles sont en général moins coûteuses que les ateliers ponctuels ou les leçons offerts à l’intérieur d’un programme de session, sans compter que lorsqu’ils sont offerts avant une milonga ou une práctica, comme c’est souvent le cas, le coût de cet événement est souvent inclus dans la leçon. Donc, elles sont abordables et donnent l’occasion de rencontrer des gens et de faire quelques contacts avant de commencer la milonga.

Pour : un choix très abordable. Une bonne façon de rencontrer des gens. Permets d’apprendre des notions nouvelles sans avoir à s’engager dans un programme de session.
Contre :
il n’y a pas d’assurance de s’associer avec un partenaire qui nous convient, ou même d’avoir un partenaire, alors ce peut être intéressant d’aller à ces leçons avec un partenaire. Le niveau d’habileté des participants peut varier considérablement. Ces leçons tendent à présenter des pas plutôt que des techniques, alors, tout en vous donnant accès à de nouvelles figures, elles ne vous permettront pas d’améliorer beaucoup vos qualités de danseur.

Les ateliers de technique

C’est toujours un bon choix. Les techniques pour femmes, les techniques pour couples, les techniques pour hommes, les techniques pour les ochos, les techniques de marche... prenez-les !

Ne soyez pas réticent à l’appellation : « technique ».

Travailler sur vous-même est essentiel. Si vous ne pouvez pas exécuter correctement un mouvement par vous-même, vous serez un fardeau pour votre partenaire. Et une bonne technique vous libérera éventuellement pour danser avec aisance, fluidité et avec un plaisir très ressenti. De plus, cela amène beaucoup de satisfaction de s’améliorer. Si la seule pensée de pratiquer votre marche ou vos pivots en solo vous ennuie, cela n’augure rien de bon pour votre attitude envers le perfectionnement.

Pour : moins coûteux que les cours privés, avec des bénéfices comparables.
Contre : ne s’applique pas!

Ateliers donnés par des maestros invités

Que ce soit dans le cadre d’un festival ou d’une activité spéciale offerte par votre école, les ateliers présentés par des maestros invités sont une activité populaire et, souvent, pour de bonnes raisons. Les danseurs étoiles ne le sont pas devenus par hasard. Ils ont souvent un talent remarquable sans parler d’un certain charisme.

Toutefois, ils ne sont pas nécessairement doués en pédagogie. Certains maestros invités sont d’excellents professeurs et chaque minute avec eux vaut son pesant d’or, mais quelques-uns ne sont captivés que par leurs performances et enseignent pour financer cette passion. Ces maestros de passage peuvent être généreux et attentifs aux besoins des étudiants, ou au contraire arrogants et non disponibles, sauf pour les étudiants les plus avancés de la classe.

Il y a un attrait supplémentaire aux ateliers donnés dans le cadre des festivals, c’est que des gens peuvent se déplacer de loin pour y assister, alors participer à ces leçons vous donne l’occasion de rencontrer beaucoup de nouveaux danseurs venus d’ailleurs.

De toute façon, ne sous-estimez pas les professeurs de votre école. Même s’ils n’ont pas la réputation internationale de ceux qui font le circuit des festivals, ils ont probablement au moins autant d’expérience d’enseignement – souvent davantage – et ils peuvent vous assurer d’une continuité que les enseignants de passage ne peuvent assumer.

Pour :
vous rencontrez des vedettes! Vous nouez des liens avec des danseurs qui n’appartiennent pas à votre communauté locale. Vous apprenez de nouvelles techniques qui sont en train de faire leur chemin. Vous voyez votre danse d’une autre façon. Un choix intéressant pour les danseurs avancés qui ne seront pas embrouillés par des techniques ou des explications différentes.
Contre : peut être coûteux. Manque de suivi. Parfois les corrections et les explications formulées différemment peuvent être une source de confusion pour les étudiants débutants ou intermédiaires.

Leçons privées

Beaucoup de danseurs n’en ont jamais pris, mais les leçons particulières sont un impératif si vous désirez vraiment améliorer vos capacités.

Seule une leçon privée vous permettra de procéder à une autoévaluation en profondeur et, à partir de là, de prendre conscience de vos forces et de vos faiblesses.

Si vous faites partie d’une classe de groupe de 10, 20 ou 30 étudiants, il y a des chances que vous n’ayez que cinq minutes en tête-à-tête avec le professeur. Il ou elle vous donnera probablement quelques conseils, comme vous rappeler à une ou deux reprises de descendre vos épaules ou de glisser vos pieds, mais seule l’attention soutenue que vous recevez dans une leçon privée vous apportera l’encadrement dont vous avez besoin pour a) réaliser sur quelles habitudes vous devez vraiment travailler pour évoluer et b) apprendre comment changer ces habitudes.

Les étudiants qui cheminent péniblement à travers les contenus des cours, peu importe qu’ils travaillent fort ou qu’ils constatent qu’ils sont toujours à la traîne du reste du groupe, sont aussi de bons candidats pour des leçons privées, en remplacement ou en ajout aux classes de groupe.

Les leçons privées sont aussi un bon choix pour les étudiants qui avancent plus vite que la moyenne ou qui veulent accélérer le pas. Ceux qui apprennent rapidement ou voudraient y arriver, aussi bien que ceux qui sont contrariés ou impatients de danser avec les étudiants de leur niveau, vont retirer plus de satisfaction d’un enseignement personnalisé avec un professeur.

Les cours privés peuvent être pris individuellement ou en couple. Je suggère de prendre des leçons en couple seulement si vous êtes – ou prévoyez être – des partenaires réguliers. Une bonne partie des leçons en couple sont consacrées à vous enseigner comment danser et communiquer avec une personne particulière, alors si ce que vous désirez réellement est d’améliorer vos habiletés individuelles, prenez aussi des leçons seulement pour vous.

Même les étudiants qui s’amusent et profitent bien des classes de groupe devraient considérer la possibilité de se faire plaisir en prenant de temps en temps des leçons privées. Tout le monde a, à tout le moins, quelques mauvaises habitudes, et c’est bon de se les faire rappeler et proposer des alternatives de temps à autre.

De toute façon, laissez votre ego de côté si vous vous engagez pour des leçons privées. Essayez de ne pas vous mettre sur la défensive ou d’être impatients devant les corrections de votre professeur. Vous allez retirer le maximum de vos leçons si vous êtes aussi ouverts que possible. C’est pour ça que vous êtes là!

Les leçons privées sont plus dispendieuses que les classes de groupes, mais vous en aurez plus pour votre argent. Assurez-vous seulement que vous allez prendre des leçons avec un professeur compétent et expérimenté qui démontre un style et une technique qui vous convient.

Pour : une attention complète de votre professeur. Vous apprenez à votre rythme. Vous dansez avec un professionnel!
Contre : plus dispendieux que les classes de groupe (mais ça en vaut la peine!). Si vous ne dansez que dans le cadre de leçons privées, vous ne dansez qu’avec un partenaire, ce qui ne va pas nécessairement vous aider à vous ajuster à différents genres et niveaux de partenaires.
 

Prácticas

Práctica signifie pratique en espagnol. Il y a différents types de prácticas : guidée, supervisée et libre.

Cette classification est fonction du degré d’engagement des professeurs dans cette période de pratique.

Une pratique guidée
signifie qu’il y a un certain enseignement. Le professeur peut montrer une technique ou un pas sur lequel travailler, ou suggérer quelques exercices à faire en couple ou par rapport à la musicalité, par exemple.

Une pratique supervisée signifie que les professeurs sont prêts et disponibles à répondre aux questions et à vous aider.

Une pratique libre ou ouverte,
ou simplement une pratique, veut dire que vous pouvez travailler avec vos partenaires dans un cadre décontracté, mais il n’y a pas, ou très peu, de supervision ou d’intervention de la part du professeur.

Les prácticas sont des moments très agréables et souvent trop sous-estimés. Beaucoup de danseurs cessent de fréquenter les prácticas à partir du moment où ils se sentent prêts à danser dans les milongas, mais c’est une erreur. Tout comme personne ne devrait considérer ne plus avoir besoin de cours, personne ne devrait se croire trop avancé pour se passer de pratiquer.

Entre autres avantages, les prácticas représentent les activités les moins coûteuses, donc une façon accessible de pratiquer, de connaître des danseurs et d’aller chercher un peu d’aide des professeurs si vous le désirez. Sauf dans les événements plus formels de type milongas (voir plus bas), dans les prácticas c’est correct de parler avec votre partenaire et d’essayer de nouveaux pas que vous ne maîtrisez pas encore complètement.

Toutefois, j’aimerais souligner deux points importants :

Premièrement, même durant les prácticas, vous devez toujours suivre votre ligne de danse et respecter les autres danseurs sur la piste. Après tout, la circulation sur le plancher est une des choses les plus difficiles à maîtriser pour le guideur, ce qui implique qu’elle doit être pratiquée au moins autant que le reste.

Deuxièmement, le droit de parler ne signifie pas qu’on puisse se laisser aller à corriger tous ceux avec qui nous dansons. Le fait que votre partenaire ait moins d’expérience que vous ne vous rend pas plus qualifié pour lui enseigner. Dansez toujours au niveau de votre partenaire et laissez l’enseignement aux vrais professeurs.

Pour : bon marché. Atmosphère décontractée avec possibilité de parler un peu sur le plancher de danse. Les professeurs sont souvent disponibles.
Contre : rien à signaler, vraiment, sauf que le niveau des danseurs peut être relativement bas si les danseurs expérimentés se jugent trop avancés pour y participer.


Milongas

Une milonga est un endroit ou un événement où nous dansons le tango uniquement pour le plaisir. C’est le night life du tango.

Danser en milonga est la motivation principale de la plupart des danseurs amateurs de tango. C’est la partie agréable. C’est le moment de fraterniser avec des amis, prendre un verre et danser toute la soirée (ou l’après-midi), avec votre principal partenaire ou, le plus souvent, avec différents danseurs.

Dans une milonga, vous apprenez à vous adapter à différents danseurs et musiques, et vous pouvez affûter votre aisance sur le plancher et votre capacité de naviguer.

Il n’y a pas d’enseignement d’aucune sorte pendant une milonga, et ce n’est pas un bon comportement de corriger ou d’enseigner à votre partenaire, ou même de commenter ses habiletés en danse, autrement que d’une façon positive.

Il y a des règles à suivre dans une milonga, la plus importante à appliquer étant de respecter les autres danseurs.

En gardant cela en tête, la milonga n’est pas la place pour essayer un mouvement difficile que vous avez appris en classe ou vu sur YouTube hier. Les leaders devraient rester dans la zone de confort de leur répertoire, en exécutant des mouvements qui leur sont familiers et que leur partenaire suit facilement.

Pensez-y-bien, si votre objectif est de danser avec des danseurs de très haut niveau, vous aurez besoin de vous y préparer en dehors des milongas pour rehausser votre niveau.

Le danger de seulement pratiquer votre danse en milonga est de renforcer toutes ces petites et mauvaises habitudes que vous traînez avec vous.

Ça vaut la peine de se rappeler que, si avoir du succès en milonga est l’objectif de beaucoup de danseurs, ce n’est pas le cas de tout le monde.

J’ai enseigné à des étudiants qui suivent beaucoup de cours, en groupe et en privé, depuis des années, et qui ne viennent jamais ou presque jamais en milonga.

Quant à moi, je ne comprends pas vraiment cela parce que, à mon sens, l’aboutissement de l’apprentissage du tango ou d’une autre danse sociale est de pouvoir la danser en société. Mais tout le monde n’a pas les mêmes buts. Et les classes ne sont pas toujours un moyen pour arriver à autre chose. Pour certains, les classes elles-mêmes représentent un but. C’est le plaisir d’apprendre et la leçon elle-même est un loisir.

Récemment, dans le cadre d’une leçon privée, j’expliquais à un étudiant comment danser dans un espace restreint pour prendre moins de place sur un plancher de danse encombré et il m’a répondu : « Pourquoi quelqu’un voudrait-il danser sur une piste de danse encombrée? »

Cela peut sembler étranger pour ceux qui vibrent pour les milongas, mais alors que le tango exerce une forte attirance pour des étudiants comme celui-là, cela ne va pas jusqu’aux milongas.

Pour ma part, je crois qu’un équilibre entre ces deux positions représente l’idéal : goûtez votre plaisir à danser toute la nuit en milonga, mais aussi en travaillant intensément vos connaissances et votre technique.

Pour : une activité sociale plaisante. Vous pratiquez et améliorez votre aisance sur la piste de danse et votre capacité de vous y déplacer. Vous apprenez à vous adapter.
Contre :
Ce n’est pas la place pour pratiquer de nouveaux mouvements. Vous ne recevez pas – et ne devriez pas recevoir – de rétroactions critiques sur votre danse, alors si vous avez de mauvaises habitudes – et nous en avons tous – danser en milonga ne fera que les conforter si vous ne prenez pas à côté l’un ou l’autre genre de classe.

Si vous voulez vraiment vous développer comme danseur, vous devez utiliser toutes ces approches. Vous n’avez pas à le faire chaque semaine, mais si vous voulez vraiment travailler sur votre danse, vous devez faire un peu de tout régulièrement.
Si vous êtes satisfait de votre niveau général de danse, mais aimeriez quelques rappels sur ce qu’il vous faudrait travailler ou pour améliorer votre aisance à vous déplacer ou pour élargir le groupe des bons danseurs avec qui vous pouvez danser, assurez-vous simplement d’assimiler un peu de chaque approche chaque année.

Au minimum, je suggère :

- Danser au moins deux fois par semaine.
- Faire plus d’un type d’activité reliée au tango chaque semaine (classes, pratiques, milongas).
- Vous offrir au moins une leçon privée de temps en temps.
- Avoir une autre activité physique au moins une fois par semaine (pour contribuer à vos capacités de danseur et votre bien-être général).